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Électricité Spot : pourquoi les prix de gros augmentent ?

La France a longtemps maintenu un monopole d’Etat sur les énergies électriques et gazières. Les deux entreprises nationales, EDF et GDF, distribuaient leurs énergies respectives à des tarifs réglementés. Les règles européennes ont entraîné des changements profonds. Depuis le 1er août 2000, les marchés français de fourniture de gaz naturel et d’électricité ont été progressivement ouverts à la concurrence. La dernière étape est intervenue le 1er juillet 2007 avec l’ouverture à la concurrence du marché des particuliers.


Directives européennes meurtrières pour la France

La France a longtemps maintenu un monopole d’Etat sur les énergies électriques et gazières. Les deux entreprises nationales, EDF et GDF, distribuaient leurs énergies respectives à des tarifs réglementés bas. Les règles européennes ont entraîné des changements profonds.

Depuis le 1er août 2000, les marchés français de fourniture de gaz naturel et d’électricité ont été progressivement ouverts à la concurrence. La dernière étape est intervenue le 1er juillet 2007 avec l’ouverture à la concurrence du marché des particuliers, remettant en cause les modalités tarifaires françaises avantageuses.

Dès 2008, le gouvernement français a dû admettre qu’il devait remettre en question la politique d’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité.  En effet, jusqu’en juillet 2011, les concurrents d’EDF sur le marché français étaient contraints de se fournir très largement aux prix de marché, parfois très volatils, et non sur le parc de production nucléaire français réservé à EDF (voir ci-après, le chapitre sur la corrélation du prix de l'électricité sur celle du gaz).

Depuis, par la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) du 7 décembre 2010, le tarif réglementé n’est pas remis en cause mais EDF doit dès lors vendre jusqu’à un quart de l’électricité qu’elle produit dans ses centrales nucléaires à ses concurrents sur le marché français à un prix ridicule de 42 € le MWh.

Alors que le prix de gros de l'électricité est actuellement à environ 800 € le MWh, pourquoi l'Union européenne force EDF à le vendre à 42 € le MWh à ses concurrents ? Il y a un an, le prix du MWh d'électricité en France sur le marché Spot était à 74,02 €.

Pire encore, le gouvernement Macron projette d’imposer à EDF de vendre davantage de sa production à ce prix ridicule, privant les français d'une électricité pas chère ! Emmanuel Macron préfère favoriser l'Union européenne au détriment du peuple français qui va certainement devoir connaître des coupures d'électricité et des hausses de prix considérables. En accélérant les ventes en gros de l'électricité aux concurrents d'EDF, il accélère la chute économique et financière de l'entreprise "Électricité de France" et risque de créer encore plus de chômage.

En moyenne, les prix spot des cinq plus gros marchés en Europe (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Espagne) ont dépassé le précédent record historique atteint au mois de décembre 2021

Rystad Energy

Corrélation du prix de gros de l'électricité avec celui du gaz

Pourquoi le prix de gros de l'électricité est-il passé de 74 € le mégawattheure à 800 €/ MWh cette dernière année ? Le prix spot de l'électricité a été multiplié par dix en un an !

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Les prix de gros sur les marchés de l’énergie sont calés sur les coûts marginaux.

Et, contrairement aux idées reçues, le prix de marché est égal au coût de production de la centrale la plus chère de tout le réseau interconnecté européen, et ce, même si la part de production de cette centrale représente une part infime de la production totale, car ce mécanisme de formation des prix de gros est indépendant des quantités produites.

Le prix, qui dépend non pas du prix moyen de l’électricité produite mais du prix de la dernière centrale marginale appelée à fonctionner, est applicable à toutes les centrales en production à ce moment-là en Europe, quelle que soit leur part relative dans la production du parc installé.

Autrement dit, si une centrale thermique à Cycle Combiné Gaz fournit seulement 1% de l’électricité du réseau interconnecté, le coût de production de cette centrale sera appliquée à 100% de cette électricité sur le marché de gros !

Or le gaz a augmenté de 60% en un an, on peut aussi parler d’envolée du prix du gaz.

Ainsi, si le prix du gaz flambe sur les marchés, par effet de ricochet, le prix de l'électricité augmentera de la même manière. Car dès qu’une centrale à gaz sera appelée en production, son coût de production s’appliquera mécaniquement à l’ensemble de l’électricité produite sur le réseau interconnecté européen, même si cette électricité est globalement produite à partir de barrage hydraulique ou de centrales nucléaires dont les coûts sont bien plus faibles et quasiment stables.

Il est a rappelé que la part du gaz et du pétrole dans la production électrique n'est que de l’ordre de 7% en France, alors qu'elle est de 20% en Europe. Il y a une partie du coût qui est liée à la construction des installations. Donc si on regarde uniquement la part du combustible, c’est moins de 10% du coût total de production de l’électricité qui dépend du gaz en Europe.

Fermeture des centrales nucléaires par Emmanuel Macron

La France, grâce à son parc de centrales nucléaires crée au temps du brillantissime Général de Gaulle, est autosuffisante en besoin d'électricité et même en large surproduction si elle n'appartenait pas à l'Union européenne.

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Malheureusement, contrairement à Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron s'est engagé à réduire de 50% la part du nucléaire dans la production d'énergie lors de sa campagne de 2017. Il expliquait vouloir mettre fin à l'activité de "14 réacteurs de 900 MW" d'ici "2030". Un mouvement qu'il comptait lancer dès l'été 2020, avec l'arrêt définitif de deux réacteurs de Fessenheim, avant d'organiser "la fermeture de 12 réacteurs, entre 2025 et 2035", comme il l'avait précisé six mois après son investiture à l'Élysée.

Mais son manque d'expertise avérée dans la gestion d'un Etat et voyant l'effondrement de l'économie de l'Union européenne arriver suite au "quoiqu'il en coûte" de ce "Mozart" de la finance et au massif "quantitative easing" de 2.500 milliards d'euros qu'a déversé la BCE, Emmanuel Macron, change d'orientation en octobre 2021 en proposant un vaste plan de relance nucléaire. Notamment avec l'objectif pour 2050 de construire seulement six réacteurs nucléaires. Malheureusement il est trop tard pour réagir face à la grave crise financière de l'UE, accentuée par ses sanctions contre la Russie.

En cette fin août, on compte pas moins de 32 réacteurs nucléaires à l'arrêt, sur un total de 56 à travers le parc français, soit plus de la moitié des centrales arrêtées !

Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, s'est exprimé hier pour indiquer qu'il manquait de techniciens depuis cinq ans à cause d'Emmanuel Macron qui avait dit vouloir réduire de 50% le parc français de centrales nucléaires, cinq ans plus tôt.

"Gouverner, c'est prévoir" disait Adolphe Thiers, force est de constater qu'Emmanuel Macron devrait s'en inspirer !

Sanctions à la Russie par l'UE suite à la guerre en Ukraine

Contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement Macron, l'Union européenne sanctionne la Russie depuis 2014 et non depuis son entrée en guerre avec l'Ukraine en février de cette année. Par ailleurs, l'UE parle d'invasion en Ukraine par le Kremlin. Or, Vladimir Poutine, dans la vidéo de sa conférence du 24 février 2022, explique qu'il veut seulement récupérer la partie ukrainienne russophone de Lougansk et de Donetsk, dans le Donbass, et non l'Ukraine tout entière.

En tout état de cause, l'Union européenne et Emmanuel Macron, président de la France du Conseil de l'UE, ont décidé de renforcer de manière drastique les sanctions contre la Russie dès février pour "mener une guerre totale à la Russie" afin d'"effondrer son économie", selon Bruno le Maire.

L'Union européenne et l'OTAN ont de surcroît pris immédiatement position pour l'Ukraine en fournissant massivement armes, soutien et argent, sans aucune raison logique, du fait que l'Ukraine n'appartient, ni à l'UE, ni à l'OTAN !

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En prenant une position très nette pour l'Ukraine et en sanctionnant la Russie pour l'effondrer, l'Union européenne s'est mise dans une position très délicate puisqu'elle a un besoin vital des matières premières vendues par la Russie, dont elle dépend depuis toujours.

Six mois après ces déclarations, force est de constater que c'est l'économie des pays de l'UE qui s'est effondrée et non celle de la Russie qui a gagné 93 milliards de dollars depuis son entrée en guerre contre le Donbass ukrainien !

Donc, même si les gouvernements occidentaux mentent et manipulent l'opinion publique en lui faisant croire que c'est iniquement à cause de la Russie que leur économie se porte mal, et que les prix de l'énergie sont en hausse, les sanctions de l'UE ont réagi comme un boomerang qui n'a pas atteint son objectif mais qui est venu frapper son envoyeur, à savoir l'Union européenne.

En conclusion

La France, si elle quittait l'Union européenne serait non seulement en surproduction d'électricité, malgré les fermetures de nos centrales nucléaires par Emmanuel Macron, mais aussi, EDF ne serait pas obligée de vendre le quart de sa production à 42 € le MWh à des sociétés concurrentes européennes qui revendent aussitôt le MWh à 800 € sans rien faire !

La France, si elle quittait l'UE, ne serait pas obligée de surfacturer la production d'électricité en la corrélant avec le coût de la dernière centrale thermique à Cycle Combiné Gaz européenne !

La France, si elle quittait l'Union européenne, n'aurait pas été obligée de sanctionner bêtement la Russie pour un conflit qui ne la concerne absolument pas. Elle aurait ainsi encore de la moutarde et de l'huile à proposer dans les rayons des supermarché, mais surtout elle continuerait à acheter le gaz et le pétrole à bas coûts, ainsi que toutes les autres matières premières formidables et utiles dont dispose la Russie.

En somme, la hausse des prix de gros de l’électricité Spot est due :

  • aux directives européennes (fourniture de gaz naturel et d’électricité ouverts à la concurrence, énergies propres, etc.)
  • à la corrélation du prix de l’électricité avec celui du gaz
  • à la reprise après la crise du COVID-19
  • à la fermeture et l'arrêt des 32 centrales nucléaires
  • aux multiples erreurs du gouvernement Macron
  • aux sanctions contra la Russie par l’UE suite à la guerre en Ukraine

« Le plafonnement à 4 % (du tarif réglementé, NDLR) sera maintenu jusqu’à la fin 2022, il n’y aura pas de rattrapage sur ce plafonnement en 2023, et les hausses dont a parlé le président de la République et la Première ministre seront des "hausses contenues", a déclaré le ministre en marge du congrès des cadres de la majorité à Metz.

Mais quelles mesures concrètes le gouvernement Macron prendra-t-il réellement pour 2023 contre la grave hausse des prix de l'énergie et en particulier, celle de l'électricité ?

Il est à noter qu'EDF a demandé à l’État français en août, une indemnisation de 8,34 milliards d’euros après que le gouvernement a forcé à vendre de l’électricité à des prix réduits pour protéger les consommateurs de la flambée de l’inflation.


Crédit photo de couverture : 0fjd125gk87

Tags : hausse, prix de gros, électricité, énergies, prix électricité, inflation, SPOT, EDF

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